jeudi 22 août 2013

La réhab suite : un tatouage de plus en moins



Il y a trois ans, mon petit ami de l'époque était victime d'un grave accident d'escalade. J'aimais vraiment cet homme. Nous ne savions pas si il remarcherait à ce moment là. 

Alors pour lui prouver mon attachement dans l'adversité, je suis partie me faire tatouer son prénom, en lettre cyrillique (avantage d'être semi-russe). Je serais restée auprès de lui, même invalide, cela m'importait peu. Je l'aimais. Je l'ai soigné, aidé, attendu, je lui ai remonté le moral quand il pleurait, j'ai parcouru des milliers de kilomètres pour le voir, dépensé sans compter pour qu'il dispose de ce qu'il y a avait de mieux pour lui. 

Puis une fois remis sur pied, il m'a quitté pour une donzelle plus bourgeoise et plus catholique que moi. Il a au passage appelé mes parents pour leur expliquer à quel point il ne pouvait pas rester avec une femme aussi dépravée (comprendre pas vierge) que moi (chose que tous parents souhaitent n'avoir jamais à entendre sur leur enfant). 

J'ai souffert comme je ne pensais jamais pouvoir souffrir, bu tous les soirs pour réussir à m'endormir, ingéré toutes les petites pilules que mon médecin à bien voulu me prescrire juste pour m'anesthésier un peu, envisagé chaque virage sur la route comme celui qui pourrait apporter la fin de ma douleur pour peu que je garde les roues droites et que j'accélère un peu. 

J'avais toujours son prénom tatoué, lisible de moi seule, juste sous le sein gauche, à la place du cœur. Je ne pouvais pas le regarder, pas me toucher, en dépit du fait que je ne regrettais pas un instant d'avoir fait réaliser ce tatouage dans les circonstances citées plus haut. 

Mon corps est déjà couvert de cicatrices, de sutures, de marques, d'éraflures en tout genre (tiens, j'ai même des agrafes en titane quelque part), ce prénom n'en était qu'une de plus. 

Je vous l'ai dit, le mois d'août est celui de la réhab, alors j'ai pris rendez vous pour faire supprimer ce stigmate. Mes autres cicatrices resteront en dépit de ce que propose mon chirurgien esthétique. Je suis fière d'elles toutes. Elles me rappellent ce que j'ai ce que j'ai été capable de faire et combien de morceaux de moi j'ai été capables d'abîmer pour arriver là aujourd'hui.

Ce gros faisan épouse en grandes pompes la jeune fille de bonne famille pour laquelle il m'a quitté en septembre prochain, dans MA Cornouaille (passe encore), à la date anniversaire du mariage de MES parents (sacrilège ultime).

Je lui souhaite une union comparable à la technique qui va me permettre de me débarrasser de son prénom à jamais. C'est à dire longue, coûteuse et douloureuse.



4 commentaires:

  1. Quel con! (désolée pour ce langage, mais ça vient du coeur)

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  2. Ah dis donc, vivement le rendez-vous chez l'effaceur de tatouage alors !

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  3. Gah! N'importe quoi! L'appel à tes parents me choque, quelle indélicatesse! Seriously... Est-ce qu'il t'a quand même remercié d'être resté près de lui, de lui avoir soutenu...? Vivement ce RDV alors, pffft.

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  4. Ton article me hérisse! Autant j'admire ton attitude autant la sienne mériterait...des baffes pour rester polie...ou une mauvaise surprise le jour J!
    Oui je sais c'est moche mais je fais partie de celles qui trouvent qu'une petite vengeance bien acide est le meilleur soin anti-ulcère au monde!

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