mardi 25 décembre 2012

La vérité sur l'affaire Harry Quebert à hauteur de Yuzu




J'ai entendu pendant plusieurs mois des critiques littéraires tirer à boulets rouges sur la vérité sur l'affaire sur l'affaire Harry Quebert. J'ai suivi cela d'assez loin je vous l'avoue car la rentrée littéraire ne m'intéresse pas, et que je déteste que l'on me dise ce que je dois aimer ou pas. Surtout lorsque les gens qui formulent ces avis définitifs ont des formations littéraires inférieures à la mienne et que le plus souvent leur "œuvre" se borne à remplir des revues qui garnissent les salles d'attente de dentiste. 


Lorsque Koyangi m'a offert ce livre dont l'auteur est valaisan comme elle, dans un gentil colis from suisse, je me suis saisi de cet objet dont j'avais entendu tant de mal. Vous connaissez biensûr les recommandations, "attention c'est chaud", "ne mange pas ce n'est pas bon", "ne sorts pas sous la pluie", "ne rentre pas tard", et la désormais fameuse "ne mets pas ta photo sur internet". Je dois être une bonne cliente pour la psychologie inversée, car il faut que je me faut mettre les doigts dans la prise. Il en a pour l'instant résulté les expériences les plus intéressante de ma courte vie. C'est donc ce que j'ai fait avec ce livre et j'ai aimé ça.


L'histoire commence en polar, le corps d'une jeune fille retrouvé dans le jardin d'un écrivain, le fils spirituel de celui ci, Markus Goldman, commence une enquête. Il doit pour cela remonter à l'été 1975, et comprendre les écheveaux tissés entre les habitants de la petite ville d'Aurora, New Hampshire : Une bourgade américaine comme il y en a tant, avec son dinner, sa paroisse protestante, son shérif, et ses secrets ordinaires. Markus doit plonger au cœur de la vie plus que privée de son mentor, autopsiant méticuleusement son amour fou pour une jeune fille de 15 ans, leur histoire banale et extraordinaire. 
Plusieurs fois sur le métier il remet son ouvrage, révise sa copie, allant de découverte en découverte, d'amour en amours, jusqu'à la vérité nue et désarmante.



On reproche énormément à l'auteur de s'inspirer de Philip Roth et plus particulièrement de son roman la tâche. Il s'agit pour moi d'une grossière erreur. On retrouve certes une forte influence de Roth, mais il ne faut aller chercher que la boxe et la mise au ban d'un professeur d'université dans la tâche. Pour le reste, allez chercher dans Portnoy et son complexe la relation dysfonctionnelle et cocasse entre la mère et son "formidable" fils, et dans le complot contre l'Amérique ou la pastorale américaine, sa description de la "province" américaine. Son inspiration il l'a également trouvé dans la conjuration des imbéciles de Kennedy O'toole, notamment pour le phrasé si particulier de la famille Quinn. Cela ne s'appelle pas du plagiat, mais de l'inutritio et cela s'emploie depuis l'antiquité. Nabokov n'est pas si loin non plus. Québert (n'a t il pas une consonance frappante avec Humbert, mais un Humbert moral, comme j'aurai aimé le lire chez Nabokov en fait, pardonnez mon sacrilège les puristes) n'égraine d'ailleurs t il pas la litanie les lettres du prénom de N-O-L-A à longueur de page. Toutes ces références, j'ai aimé les retrouver et les rechercher. Ce fut une petite ma petite enquête au cours de ma lecture, et j'y ai retrouvé le plaisir de la recherche littéraire.


Depuis mes 13 ans, et une série d'émissions diffusées par Philippe Labro sur les écrivains américains, j'ai dévoré tout ce que j'ai pu sur le sujet. J'ai donc été heureuse de trouver dans ce livre l'Amérique que je me suis imaginée depuis cet été là. Heureuse, qu'un autre que moi aie aussi fait sien tout cela.


J'ai aussi profondément aimé le traitement que l'auteur fait de ses personnages. Il n'essaie pas de les salir, seulement de les laver de leurs faux semblants. Il finit par nous démontrer brillamment au terme du compte à rebours de ses chapitres que nos plus grandes erreurs viennent de notre ignorance (chose certaine). L'amour à la fois, poison et remède, obstrue la raison, autant qu'il sauve l'âme est dans cette œuvre. 


La vérité sur l'affaire Harry Quebert est que nous portons tous en nous notre propre imposture et que nous passons nos vies à tenter de racheter cela.


Dans l'arrache-cœur, Sallinger écrivait qu'il y avait des écrivains dont, quand on finit leur livre on aimerait pouvoir décrocher son téléphone et les appeler en pleine nuit pour les remercier. C'est exactement ce que j'ai eu envie de faire en finissant la vérité sur l'affaire Harry Quebert.


5 commentaires:

  1. J'ai bien aimé ce livre . j'ai remarqué que ton papa le lisait aussi ... Je l'ai donné à Jacques pour l'hôpital mais il a préféré terminer la Comtesse Du Barry !
    Au fait , mon prénom c'est Stéphane ( le sauvage du Cap que je suis à oublié de te le dire ) merci pour la carte que tu m'as donné cet après-midi en ce vendredi 28 décembre .
    Cela m'a fait plaisir de te revoir même si les circonstances ne sont pas idéales . Le bonjour à ta maman et à ton papa .
    Bises

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  2. Ne t'inquiètes pas je suis sûre qu'un jour on se reverra dans de meilleurs circonstances.

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  3. Je me corrige "meilleures circonstances", de toutes les façons mon blog vous est ouvert, et aussi notre maison tout au bout du cap si vous voulez faire une ballade au bout du bout de cléden quand les beaux jours (dans tous les sens du terme) reviendront.

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  4. Je suis épatée par ta critique érudite et complète du roman que je t'ai envoyé et suis contente qu'il t'ait plu ! Si jamais, Joël Dicker est genevois et non valaisan comme moi (zut, je ne t'ai pas écrit ça quand même ? Ou alors, c'est un lapsus). Ce qui me chagrine, c'est que l'on puisse descendre en flèche ce roman écrit par un jeune auteur talentueux et porter aux nues des bouses comme 50 Shades of Grey. Merci pour ton article instructif (je ne connais aucun des auteurs que tu cites) !

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    1. Bon... peut toujours tenter de demander à Joël Dicker si il ne veut pas devenir valaisan.

      fifty shades of quoi? lol

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