jeudi 13 décembre 2012

Mes grâces tutélaires sont parties




Ce mois ci, j'ai perdu mes grâces tutélaires et ne les retrouverai pas. 

C'était mes voisines Jeanne et Anne-Marie, deux dames d'un âge certain. Elles ne s'aimaient pas beaucoup, mais moi elles m'aimaient bien toutes deux et depuis toujours. 

Jeanne parlait un français avec plein de breton qui dépasse et n'entendait que si le sujet l'intéressait. Elle était très curieuse et enfant, je détestais la façon dont elle me pinçait les joues ou les fesses, même si elle je l'aimais bien. Mon père lui a démarré sa tondeuse environ 9875 fois, s'en était devenu un running gag. Tout comme les dialogues entre eux, avec d'une part des questions précises et de l'autre des réponses évasives. Tout devenait toujours tellement cocasse avec elle, elle m'a tellement fait rire, à en avoir le souffle coupé.

Anne-Marie était une femme de lettres et de théâtre. Elle avait élevé 5 enfants, et m'avait transmis le goût de la lecture. Elle m'avait donné mon premier job d'été (bibliothécaire suplléante de la bibliothèque de mon village) et fait boire mon premier capucino. J'avais beaucoup d'estime pour elle et je ne lui ai jamais dit que c'est à elle que je devais l'amour des livres. 

Ce soir, j'ai perdu mes grâces tutélaires, un pan complet de mon enfance et de mon adolescence. Des grâces d'un genre très particulier, décoiffées et fantasques, les tantes que je n'avaient pas. C'est tellement ironique que même au cimetière de mon village, elles se suivent de si près.

Elles me manquent déjà et pourtant quand je repense à elles, ce sont les éclats de rire magistraux des moments passés avec l'une ou l'autre qui restent. Qui me fera à nouveau rire comme ça, personne je crois. 



1 commentaire:

  1. C'est malheureux mais c'est seulement quand on perd un être cher à son coeur qu'on se rend compte combien il va nous manquer. Bon courage à toi. Bises

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