Il y a parfois des films qu'on rate à leur sortie et on se rattrape ensuite, pendant les nuits d'insomnie. Ce fut le cas avec WARRIORS (en français dans le texte "guerriers"). Je m'attendais à un bon gros film de baston version freefight. Évidemment je me trompais.
J'aurais du voir le coup venir devant un casting aussi bien choisi, Nick Nolte en père digne d'un chronos moderne, Tom Hardy et Joël Edgerton revisitant Caïn et Abel, et Jenifer Morrison (la Cameron du dr House) en madone.
Le décor et les enjeux sont rapidement plantés, Tom Conlon, le fils prodigue revient déserteur de la guerre, il retrouve Paddy, son père abusif sur la voie de la rédemption. Il a besoin d'argent pour la veuve de son meilleur ami. Brendan, le fils aîné tâche tant bien que mal de réussir dans tout les domaines où Paddy a échoué. Il offre avec son épouse Tess et leurs deux ravissantes petites filles, le modèle de l'américan dream pour la communauté Irlando-américaine. Il est professeur et manque d'argent pour garder la maison symbole de sa réussite familiale. Tout oppose ces deux frères, sauf le refus d'accepter leur passé et leur besoin d'argent. Un tournoi de freefight représente chacun, l'opportunité de sa vie.
Le titre était donc à lire à plusieurs degré. Oui, nous sommes dans un film où les hommes montent sur le ring en gladiateurs modernes, les coups fusent, le sang gicle. Cependant, la guerre des frères Conlon est ailleurs. Nous sommes dans une tragédie grecque, l'un devra affronter l'autre. L'un vaincra, l'autre perdra dans l'arène. Tous deux devront régler leur rapport à un père monstrueux, tout deux devront réapprennent à retrouver l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre.
Dans un dernier retournement de situation, lors du combat final, l'amour filial sortira vainqueur. Finalement, c'est là la force de ce film. Il n'y a pas de bon fils et de mauvais fils. Il y a seulement celui qui s'était perdu et celui qui s'est déjà trouvé.
J'ai aimé ce film. Il m'a profondément touché. Peut-être pour la finesse de la psychologie qu'il met en exergue. Sous doute aussi parce qu'il parle d'un sport que j'aime la lutte gréco-romaine, méconnu et pourtant passionnant. L'interprétation est tout simplement poignante et la déclaration d'amour de Brendan à Tom sur le ring dans une clé de cou quasi fatale est d'une beauté saisissante.
Biensûr on évite pas à certains bons vieux clichés du cinéma américain d'action : tel que le méchant géant russe, la veuve courage mexicaine, les entraîneurs plus ou moins véreux, les commentateurs sportifs verbeux (alors que l'image aurait suffit à elle seule). Mais, on regarde aussi ce qui ne va pas sous les jupes de la statue de la liberté : un système de santé payant cash et au prix fort, une middle class qui vit à crédit et sous hypothèques multiples, des alcooliques qui replongent et se prennent pour le capitaine Achab.
Je recommande WARRIORS à tous ceux qui veulent un film d'action qui se passe aussi dans la tête.
Envoyé de mon iPad
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