Biensûr je suis née à Quimper, vous me direz qu'il faut bien être né quelque part et que cela ne définit nullement l'identité. C'est tout à fait vrai. Seulement voilà, je pense que l'on est de là où l'on aime et j'aime la Bretagne dans son ensemble et le Finistère en particulier.
À chaque fois que sur la RN 165 à la hauteur de Rédéné, apparaît " département du Finistère", j'en pleurerai bien tellement ça fait chaud au cœur (un jour je le confesse, j'ai chialé, il n'y a pas d'autre terme, en passant ce panneau). Si je suis seule sur la route, je klaxonne comme un remorqueur.
Tout me revient alors en tête. Le Cap Sizun, la maison, ma famille, la pointe du raz dans la tempête, la course pour monter le phare d'eckmuhl, le lycée à Quimper. Tout arrive dans une vague immense sous laquelle je suis minuscule, une vague qui se brise sur moi. C'est à chaque fois la joie du retour qui m'inonde et ruissèle, il n'y a pas de mot pour cela.
A chaque fois que que je pars, c'est pour mieux revenir, avec dans la tête le Finistère. D'ailleurs, je ne vais pas en Bretagne, je rentre.
N'allez surtout pas me croire indépendantiste, ou quoi que ce soit d'autre. Mon passeport est français, je n'en veux aucun autre. Pour moi, être bretonne, c'est un état d'esprit, comme si les bretons avaient juste collés au cœur un petit ventricule supplémentaire. Alors j'imagine que ce petit sac, est infiniment grand, suffisamment pour contenir tout ce que j'aime et qui doit rester là (j'aimerai dire là à m'attendre).
J'y mets les patates peluches, la chapelle de Saint They, les flèches de saint Corentin, l'odeur du goémon, les noms des boîtes aux lettres, le GR34 de la pointe du millier à la pointe du van, tous les chevaux de traits si facile à monter, le bar avel, le bonnet des vrais marins du Guil, l'odeur de la criée, le cidre servi à la pression dans des gobelets en plastiques, les meubles de Kercöet, les araignées achetées vivantes et mangées avec des bruits de succion.
Je laisse les marinières et les drapeaux gwen a du, les triskell, le caramel au beurre salé, et toute cette camelote à tous les autres. Qu'ils la prennent et qu'ils l'exhibent, fièrement sur leur vêtement, leur voiture. Je n'ai pas besoin de porter ma Bretagne pour qu'on la voit, elle est dedans au chaud avec ce qu'il y a de meilleur et je ne la veux nul part ailleurs.
Bravo et merci pour ce très bel article qui m'a permis, bien que trop loin de notre chère région, de sentir les embruns, le beurre et les petits plaisirs made in BZH.
RépondreSupprimerPetit bémol, le mot "camelote" évoqué me semble un peu dur à l'égard de notre cher Gwen Ha Du (bien que ses origines soient controversées, je le conçois). Je ne sais pas si vous avez eu la chance de vivre loin, très loin de votre terre natale pendant un certain temps, mais je peux vous garantir que cette "camelote" peut devenir un véritable rocher auquel on s'accroche pendant les coups de tabac, et qui, d'un seul coup d'oeil, vous rappelle tout ce que vous portez au fond de vous et retrouverez une fois passée cette fichue pancarte... Et je ne parle même pas du symbole de ralliement et du capital sympathie qu'il peut susciter au cours de certains évènements!
J'éviterai cependant d'évoquer figurines de korrigans et autres bigoudennes en autocollants, vous le ferez (le cas échéant) bien mieux que moi!
Cher anonyme,
RépondreSupprimerJ'ai en effet vécu loin de Bretagne et en effet j'ai moi aussi eu chaud au cœur et au ventre en voyant apparaître un gwen a du (aussi controversé soit son origine).
Ce dont je parle en utilisant le terme de camelote, c'est cette soit disant bretonnerie bon marché "à touriste" et le fait que certains bretons soient eux aussi devenus des gens à qui on peut "fourguer" ça.
Un jour je parlerai des autocollants crétins, des marinières, du caramel beurre salé (ça aussi belle escroquerie), même si parfois ça fait plaisir quand on est loin et qu'on a eu une journée difficile à plusieurs milliers de bornes.
Mais je pense aussi que l'identité bretonne, c'est comme les dragons... Chacun en a une représentation propre.
Au fait, je manque à tous mes devoirs d'hôtesse.... Je vous remercie de votre commentaire et vous rappelle mon jeu concours, réservé aux bretons perspicaces ....
RépondreSupprimerJe vous remercie pour votre réponse, nous sommes bien d'accord sur ce côté folklore survendu quelque peu irritant. Il s'agit sans doute du côté obscur d'une identité culturelle très forte, et probablement le prix à payer.
RépondreSupprimerJe vous remercie également pour ce chaleureux accueil et ne manquerai pas de relever le challenge (qui me semble plus ardu qu'il n'y paraît!).
N'hésitez pas à parler de mon blog autour de vous! Et du challenge!!!
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